De l’huile sur le feu

Lundi matin, 10 juin 2024, au lendemain des élections européennes, quartier Frébault-Polygone, le réveil est confus, l’esprit torturé.

À Lorient aussi l’extrême droite arrive en tête.
Bon, c’est vrai, les sondages nous avaient mis au parfum, par contre la dissolution, ça on ne l’avait vu venir.

Branle-bas de combat, sur le terrain, à gauche, un vent de mobilisation souffle, et dans une ville où les associations sont aussi nombreuses que diversifiées, le tissu associatif et politique se rassemble, fusionne, pendant qu’au RN, sur le plan national, Jordan Bardella, fraichement élu, convoite déjà le poste de premier ministre, balayant d’un revers de la main ses électeurs de la veille pourtant nombreux à l’avoir porté au parlement européen pour les représenter.

« Jordan Bardella, premier ministre, mais non ? »
Cette dissolution prend tout à coup toute son ampleur dans les esprits encore troublés par les évènements de la veille.
Quelles ont bien pu être les motivations qui ont poussé plus de 30% des électeurs à déposer un bulletin du Rassemblement National dans l’urne de leur bureau de vote ?
Alors on se refait le film, mais l’incompréhension demeure.

Le RN a fait du pouvoir d’achat, son cheval de bataille :
Première contradiction, le parti de Jordan Bardella a voté l’été 2022 contre l’augmentation du SMIC, contre le gel des loyers, contre l’indexation des salaires sur l’inflation, contre la revalorisation des petites retraites et contre le blocage des prix de premières nécessité.

À propos de la xénophobie, Marine Le Pen nous explique que son parti n’est pas raciste :
Au printemps 2020 son parti a voté contre la reconnaissance de l’esclavagisme comme crime contre l‘humanité, et contre une résolution pour sauver des vies de migrants en mer.
En janvier 2024 les 88 députés du RN ont tous voté en faveur de la la loi immigration, loi qui durcit les conditions d’accueil et de vie des migrants sur le sol français.

Sur la question des femmes, la position du Rassemblement National interpelle également :
La soumission de la femme dans le milieu Islamiste est souvent pointée du doigt par les militants et dirigeants du RN, sauf qu’en août 2018 le parti de Jordan Bardella et de Marine Le Pen s’est abstenu de voter pour les subventions allouées pour la lutte contre les violences sexuelles et sexistes faites aux femmes européennes, et en 2023 le parti s’est abstenu sur la réduction des salaires entre hommes et femmes.

Quant à la question environnementale, le flou artistique prédomine là-encore :
En Février 2024, le RN est passé d’une position anti-pesticides à une défense des produits chimiques en soutenant les agriculteurs les plus productivistes.

Le RN se défend aussi de ne pas être homophobe.
Ce parti vote pourtant systématiquement contre l’évolution des droits LGBT+.
En décembre 2019 au Parlement européen, l’extrême droite n’a pas voté pas en faveur de la résolution contre les discours de haine envers les personnes LGBTI en Europe, et en mars 2021 elle vote contre la résolution proclamant l’Union européenne comme zone de liberté LGBTIQ.
A noter qu’en 2023, les députés du RN étaient absents lors du vote pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité.

Lorient compte à ce jour plus de 500 associations.
On s’interroge alors, car dans les villes gérées par l’extrême droite, les subventions accordées au tissu associatif dont, entre autres, celles consacrées aux plannings familiaux, aux centres d’avortement et d’accueil des précaires, sont systématiquement remises en question.
Le mercredi 12 juin, à Lanester à la salle du Quai 9, lors de la mobilisation de toute la gauche du bassin lorientais, la PMI de la ville de Lanester nous a dressé un constat édifiant de la maltraitance du milieu associatif dans les villes gérées par le Rassemblent National.
Le tissu associatif est pourtant le garant d’un lien social entre tous les individus. C’est aussi un rempart indispensable face aux inégalités et à l’exclusion que génère le système économique actuel.
Ces constats viennent ainsi contredirent l’argument : « Nous n’avons pas encore essayé le Rassemblement national. »

Certes, nous avons le droit d’être désemparés, désespérés, mais notre habitude à être confrontés aux politiques clientélistes, aux promesses pansements, devrait nous servir de leçon et nous éviter de retomber dans le premier piège facile qui se présente à nous. À ce stade, l’émotionnel ne devrait plus l’emporter sur le bon sens.
Une couche supplémentaire de mépris n’apportera pas davantage de chance d’obtenir de la paix et de la cohésion, bien au contraire.
Rajouter de l’huile sur le feu, ça n’a jamais fonctionné.

Yann

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