Auto-portrait

J’avais aux alentours de 18 ans lorsque après un départ de chez mes parents je m’aventurai sur la route en stop en direction de Moustier Sainte Marie.Pourquoi ce choix ? Parce que j’étais convaincu que l’expression la plus authentique de ma personnalité était le dessin !

Inexpérimenté j’invitais avec mon doigt en évidence les conducteurs à me déposer dans cette ville. Mon aspiration était de trouver une activité épousant mon ressenti le plus profond, à savoir l’expression graphique.A l’époque, jeunesse oblige, j’étais insouciant mais convaincu de mon chemin

Rien ne pouvait m’en détourner. Arrivé sur place tel un vagabond aux cheveux longs et bouclés je frappais aux portes ! Il y avait des tas d’opportunités et l’on me prit à l’essai dans un atelier-magasin. Je dormais dans un studio qu’une jeune fille m’avait dégotée…

Dans ce studio, seulement l’essentiel pour vivre : Une pièce avec un coin cuisine, un espace pour dormir, un autre pour se soulager et pour se laver ! Je ne me souviens plus s’il y avait un coin de table dans ce lieu de vie exigu pour lire, quoi qu’il en était quand je me présentais face à la responsable, je devais exprimer mes talents artistiques. Naturellement j’exprimais le ressenti émotionnel qui perdurait au plus profond de moi-même, à savoir un état de quiétude. Je doute que cela correspondait aux attentes mercantiles de la maison. En moi-même, un moment de dualité comme toujours, mais bien vite ce qui constitue mon essentiel prit le dessus, à savoir mon aspiration naturelle libérée de tout contenu égocentrique.

Ce studio jouait plusieurs fonctions :
La première et la plus raisonnable était d’avoir un espace pour me loger le temps que la prise à l’essai soit concluante ou pas.
La seconde plus intime était l’occasion de me retrouver avec moi-même, vaste programme !

Donc apprendre à me connaître … Ce chemin à l’intérieur de moi devait être révélateur et essentiel pour me comprendre.A partir de ce moment-là j’ai pris conscience de mes freins et de mes potentialités ! A savoir qu’il faut que je sois authentique et pour cela il faut que je puisse déverrouiller mes freins.

Alors lorsque mon attention s’orientait vers l’intérieur de moi-même je découvrais avec étonnement que nombre de mes émotions étaient coincées ! Elles ne fournissaient donc plus le travail nécessaire à leur intégration dans l’organisme. Insouciant comme à l’habitude je ne m’interrogeais pas ! A tort car seule une prise de conscience m’aurait permit de domestiquer cet état tumultueux, état émotionnel qui une fois apprivoisée tel une créature obéissant à son maître devient compréhensive…

C’est un contenu personnel affranchit de toutes tensions familiales ! Ce qui demande d’être dans un exercice de détachement, autrement dit c’est se distancier peu à peu du cocon protecteur qui assure la protection de la larve humaine que nous sommes tous potentiellement. Comme personne ne me l’avait dit se fût une découverte quelque peu sauvage. Tel un enfant perdu dans la forêt tumultueuse de son intériorité, je m’aventurais parmi mes fantasmes en voie d’éclosion. Illisibles qu’ils étaient pourtant, ils devaient s’envoler pour s’émanciper ! Selon le temps passé dans cette prison doré les barreaux se durcirent…

Le cocon familial, c’est un foyer chaleureux dans lequel on voudrait vivre tout le temps. Mais l’appel de l’inconnu réveille les âmes sensibles. Alors pour s’émanciper et grandir intérieurement un envol est nécessaire. D’abord pour essayer ses ailes et voir comment on se situe par rapport à l’inconnu. Et c’est alors que le doute s’installe. Déjà au niveau température il fait froid. Mais il y a la chaleur humaine des rencontres secourables. Dans la vie il n’y a pas de hasard. Il y a un phénomène de résonance affective qui entre ligne de compte. Mais chaque rencontre n’est pas du hasard. Il y a une correspondance très étroite entre nous et les autres…

L’émancipation affective : A la sortie de l’adorable cocon familial qui sert de modèle à son épanouissement émotionnel, mental et spirituel, j’ai découvert le néant ! Le vide quoi ! Mes parents et leur secours indispensables m’invitaient à regretter mon enfance doré . C’est à ce moment que les façons de penser parentales s’ancrent durablement dans le for intérieur de tous individus. Telle une chenille nous avons tous besoin de devenir papillon ! C’est alors qu’apparaît la peur de cet inconnu indispensable à nôtre évolution, des rencontres incontournables…

Devant l’inconnu plusieurs solutions s’offraient à moi ! La première, la plus simple et la plus directe, était d’être pragmatique. La seconde, être rationnel, plus confortable car le mental s’immerge dans nôtre désordre émotionnel. La troisième, être spirituel parce qu’elle propose l’inversement de toutes nos valeurs. Et pour finir celle qui demande le plus d’investissement affectif parce qu’il faut être entier, ce qui veut dire être dans l’instant présent. Cette dernière est la plus exigeante mais nécessaire à la compréhension de soi-même,  autrement dit être authentique !

Louis Manrique

http://louismanrique.weebly.com

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