Habiter la beauté du monde

Un simple accident

Le 28 septembre 2025, j’ai assisté en avant-première au Cinéville de Lorient à la projection du film Un simple accident du réalisateur Jafar Panahi. Ce film, couronné de la Palme d’or au 78ᵉ Festival de Cannes, sortira officiellement en salle en France le 1er octobre 2025.

Un simple accident met en scène plusieurs personnages confrontés à leur bourreau et invite chacun à réfléchir à ce qu’il convient de faire de sa haine. Doit-on perpétuer la violence ? Faut-il au contraire la dépasser et répondre par l’amour ? Ce film offre une polyphonie de regards : chaque personnage, selon son histoire et sa sensibilité, vit la même blessure initiale mais en tire une manière différente d’affronter le monde. Cette pluralité montre qu’il faut, de temps en temps, sortir de soi pour écouter l’autre, afin de comprendre la mécanique et la complexité de l’existence.

Milarepa

Le 29 septembre 2025, j’ai relu Milarepa d’Éric-Emmanuel Schmitt, après une première lecture en 2017. Ce récit fascinant aborde également la question de la haine à travers la figure d’un homme consumé par le désir de vengeance. Le livre illustre la puissance destructrice de ce sentiment, mais aussi le chemin vers la libération intérieure.
Par le double jeu Simon–Staviska, Staviska–Milarepa, Schmitt met en évidence la diversité des identités et des vécus : le “moi” est souvent encombrant, lourd de rancunes et de fardeaux, mais une manière de sortir de la haine est précisément de se décentrer, de se mettre à la place de l’autre. Ce livre ouvre alors à une vision plus large du monde, riche de sa diversité, mystérieuse et belle.

Habiter le monde

Ces deux œuvres, l’une cinématographique et l’autre littéraire, se rejoignent sur un point essentiel : la haine enferme, elle réduit le champ de vision, elle pèse. Elle fatigue l’âme et encombre l’esprit, car elle nous maintient rivés à la douleur et au ressentiment. À l’inverse, la diversité nous élargit et nous allège. Elle offre au monde sa véritable beauté, une beauté qui ne se trouve pas dans l’uniformité mais dans la coexistence des différences.

La haine est l’obstacle même à cette beauté, car elle ferme les portes du dialogue et empêche la rencontre. En refusant l’autre, on se refuse soi-même une part de lumière. Le monde devient plus noble et plus grand lorsque chacun accepte d’écouter et de reconnaître la différence de l’autre. C’est dans cette ouverture que naît une forme de légèreté, presque une grâce : celle de ne plus porter la lourde charge de la haine mais d’accueillir la diversité comme une richesse.

Ainsi, le film Un simple accident et le livre Milarepa nous rappellent que le chemin vers la paix intérieure et collective passe par un dépassement de la haine, et que ce dépassement n’est possible qu’à travers l’acceptation de l’autre et de la diversité qui fait du monde un lieu habitable et beau.

Carl Pierrecq

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