La montée des eaux en Morbihan

L’autre jour, a été diffusé un film Aya, de Simon Coulibaly Gillard, sur la montée des eaux et un enseignant-chercheur de l’U.B.S., Mouncef Sedrati, spécialiste en géomorphologie littorale et géologie marine est intervenu pour s’exprimer.

J’ai par la suite eu la chance de poser des questions à ce chercheur, pour au sujet de la montée es eaux en Morbihan. Il a eu la gentillesse d’y répondre.

Tout d’abord, que sont les variables naturelles du niveau de l’océan le long des côtes morbihannaises : marées de différentes amplitudes…

En effet, la marée se présente avec différents marnages le long du littoral morbihannais. Elle est meso à macrotidale avec des différences d’environ 40 à 50 cm par endroit. Le forçage le plus variable sur la côte morbihannaise est la houle pour deux raisons : (1) des expositions différentes des plages par rapport à la houle dominante et (2) l’impact des platiers rocheux (au large) et les affleurements rocheux (sur la zone intertidale) sur la propagation de la houle (diffraction/réfraction) ainsi que son amortissement ou renforcement.

NDR :
macrotidale : Qualifie un milieu subissant des amplitudes de marée importantes (plus de 4 à 5 mètres). (Encyclopédie.fr)

intertidale : Se dit de l’espace côtier compris entre les limites extrêmes atteintes par la marée. (Larousse.fr)

Le niveau des eaux a-t-il toujours évolué en zone Atlantique ?

Oui, le niveau d’eau a toujours évolué en zone atlantique et également au niveau de tous les océans de la planète. Il s’agit des cycles glaciaires – interglaciaires avec des changements climatiques et également des changements des niveaux des océans.

Si on prend l’époque la plus récente (Holocène) c’est à dire depuis le dernier maximum glaciaire, le niveau marin a augmenté de plus 120 m.

Légende de la photo :

Variations du niveau de la mer au cours des 800 000 dernières années, reconstruites à partir d’une compilation de données issues de carottages marins répartis sur l’ensemble du globe (d’après Spratt & Lisiecki 2016). Les analyses statistiques ont permis de proposer une position moyenne du niveau global des océans et une incertitude à 1σ (68 % de probabilité) et à 2σ (95 % de probabilité). B à E. Physionomie des côtes atlantiques de l’ouest de l’Europe lors de niveaux marins situés à -130 m environ (B), à -60 m environ (C), à -10 m environ (D) et au niveau actuel. Les étendues continentales couvertes par les calottes glaciaires ne sont pas représentées. Les déformations glacio-isostatiques ne sont pas prises en compte. F. Variations du niveau de la mer au cours des 35 000 dernières années reconstruites à partir d’une analyse des dépôts coralliens dans différentes régions du monde tectoniquement stables (d’après Lambeck et al. 2014). G. Variations relatives du niveau marin au cours des 11 000 dernières années, selon les régions côtières de la façade Manche-Atlantique française (d’après García-Artola et al.2018).

Source : Pierre Stéphan, « Évolutions morphologiques et indices d’occupation humaine au Pléistocène et à l’Holocène le long des côtes françaises de la Manche et de l’Atlantique », Les nouvelles de l’archéologie, 156 | 2019, 53-59.

Depuis quand, le niveau des mers augmente-t-elle ? Depuis l’ère anthropocène ?

Comme je viens de le préciser précédemment, le niveau de la mer n’a jamais cessé d’évoluer dans le temps. Si on parle d’anthropocène, c’est pour identifier une période récente où on considère que l’impact de l’homme est devenu très conséquent sur l’évolution de la planète, son climat et ses ressources.

Cet impact de l’homme (développement industriel, consommation, …) est à l’origine de l’augmentation des gaz à effet de serre qui participe grandement au réchauffement climatique. Ce dernier accélère les fontes des calottes glaciaires, la perturbation des grands courants océaniques qui sont eux même en lien étroit avec le climat. On se retrouve ainsi avec des perturbations météorologiques, des occurrences lus importantes des événements extrêmes (chaleur, tempêtes,..) le tous se conjuguent pour accélérer la remontée du niveau marin et accroître la vulnérabilité de nos territoires littoraux.

En temps normal, de combien de mm, cm, mètres par an augmente le niveau des océans ?

C’est variable par océan, continent, pays, pour différentes raisons géologiques (subsidence par exemple) mais ça reste sur des niveaux millimétriques.

Quel fut le plus niveau le plus haut de l’océan jamais atteint en Morbihan, à travers toutes les époques de la terre, depuis que l’homme y vit?

Quel fut le niveau le plus bas ?

Pour l’époque la plus récente (Holocène) le niveau le plus bas était à -120, -130 m

Quelles sont les différentes perspectives d’ici la fin du siècle ?

Le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) a calculé que la fonte des manteaux neigeux et des glaciers du Groenland pourrait conduire au mieux à une hausse de 60 cm et, au pire, à 1,10 mètre d’ici 2100.

Quelles sont les zones côtières morbihannaises mises en danger, à différents niveaux ?

Toutes les zones basses et très proches du niveau marin actuel sont vulnérables et en danger.
Voir cartographie des zones basses et vulnérables sur les PPRLI et PPRL dans le Morbihan.

PPRLI : Plan de Prévention des Risques Littoraux

PPRL : Plan de Prévéntion des Risques Littoraux pour le Morbihan.

Qu’en-est-il de la zone de l’agglomération lorientaise ?
Y-a-il des secteurs plus ou moins sensibles ?

Toutes les zones basses et très proches du niveau marin actuel sont vulnérables et en danger.
Voir cartographie des zones basses et vulnérables sur les PPRLI et PPRL dans le Morbihan.

Quelles structures peut-on mettre en place pour limiter ou atténuer les effets de cette montée des eaux ?

Réduire les gaz à effet de serre pour réduire le réchauffement et le dérèglement climatique. Protéger les zones qui sont toujours protégeables, accélérer le recours aux solutions d’adaptation pour mieux anticiper les retraits stratégiques qui seront inévitables sur plusieurs zones ou territoires.

Quelles décisions en aménagement du territoire pourrait-on ou devrait-on prendre dans ce secteur ? Dans certaines voire toute l’agglomération notamment lorientaise?

Il n’y a pas de solution miracle à l’échelle d’un territoire ou une région. Il faut travailler sur des solutions adaptées aux spécificités de chaque zone.

2 réponses
  1. tenoux
    tenoux dit :

    Bonjour,
    Très intéressant. Auriez vous entrepris de réaliser une carte dynamique des la montée des eaux entre le mésolithique et la période actuelle (par centaine ou milliers d’années) ? sur la montée des eaux dans le golfe du Morbihan

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    • isabelle
      isabelle dit :

      Merci beaucoup pour votre commentaire. N’étant pas une as de l’informatique, je n’avais pas penser à une réalisation de carte dynamique.
      Mais, aujourd’hui, vous me donnez l’idée de m’atteler à cette tache qui m’intéresse énormément. Merci de me l’avoir suggérer.

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