Conférence sur la Tara Polar Station
Pour cette conférence qui s’est déroulée dimanche dernier à la base à 15h, la salle n’était pas comble, peut-être en raison des conditions météorologiques. Beaucoup des personnes présentes connaissaient déjà les expéditions Tara. Les trois intervenants étaient Clémentine Moulin, directrice des expéditions, Éric Pelletier, chercheur en génomique environnementale, et Pierre Galand, chercheur en écologie microbienne au CNRS.
Ils ont d’abord évoqué la Fondation Tara et ses 20 ans de recherches scientifiques sur l’océan. Ils ont rappelé les 13 expéditions de la goélette Tara ainsi que la construction du nouveau bateau.
L’enjeu de l’Arctique
L’Arctique a été abordé sous différents angles. Tout d’abord, les différents types de glaces (sur mer ou sur sol) permettent le développement de diverses biodiversités et suscitent un grand intérêt. Les courants arctiques, liés au Gulf Stream, jouent un rôle crucial dans l’équilibre des eaux douces provenant des fleuves russes et canadiens.
De plus, cet espace est soumis à des enjeux environnementaux et géopolitiques majeurs, notamment avec les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest.
La présence humaine au pôle Nord
La présence humaine au pôle Nord existe depuis 1893, mais de manière intermittente, avec notamment :
- Le Fram (Norvège) entre 1893 et 1896.
- L’expédition Tara Arctic entre 2006 et 2009.
- L’expédition MOSAiC (2019-2020).
- La Tara Polar Station, accueillant 12 personnes en hiver et 18 au printemps et en août.
Le défi scientifique
Pour cette expédition, un consortium de 50 scientifiques et 30 laboratoires de différents pays a été formé. Il est essentiel de créer un environnement fonctionnel. L’impact des différents climats, comme le rôle des photons entre mars et septembre, est crucial pour comprendre la vie complexe en milieu polaire.
Les objectifs majeurs de l’expédition sont :
- Repousser les frontières de nos connaissances.
- Découvrir des échantillons et étudier la pollution dans ces écosystèmes.
- Identifier de nouvelles molécules.
Le défi technique
La Tara Polar Station dispose de cinq laboratoires de 85 m². La « moon pool » est située au centre du navire. Les échantillons doivent être conservés à bord pendant six mois dans un espace de 40 m².
Un camp de base sera installé sur la glace pour étudier le rôle du sol de glace à l’aide de carottes glaciaires. Des hangars extérieurs et des pièces de laboratoire seront également aménagés. Les espaces de stockage seront dédiés au matériel et aux déchets, qui ne seront pas laissés sur place. Le rôle du plastique est également étudié.
La gestion énergétique repose sur des panneaux solaires, des éoliennes, des batteries et des carburants biosourcés de troisième génération.
Camp de base et appareils
Les prélèvements sont effectués à l’aide de rosettes (pour des échantillons inférieurs à 20 μm) et de filets. Des appareils enregistrent également les sons des organismes, et des robots seront déployés sous la glace.
Des travaux seront aussi menés dans l’atmosphère grâce à du matériel météorologique, des sondes et des données satellites pour réaliser des mesures de l’air. Sur l’ensemble du camp de base, des prélèvements sont effectués tous les 10 jours, selon 80 protocoles.
Le défi humain
L’équipage doit faire face au confinement, à l’isolement et aux mouvements de la glace mouvante. Des examens de recrutement, incluant des stages de survie, sont nécessaires.
Questions abordées lors de la conférence
Parmi les thèmes abordés lors des questions :
- Le problème des financements, notamment en lien avec les décisions de Trump.
- Les différentes formes de toilettes : les déchets solides sont brûlés et réduits en cendres, tandis que les liquides sont recyclés.
- Les plongeurs utiliseront un fil d’Ariane pour leurs plongées.
- Le manque de lumière impose un protocole et une adaptation de la durée du sommeil.
- Les rotations en avion, encore à l’étude, dépendront des conditions météorologiques et des appareils adaptés au froid. Une piste d’atterrissage sur la glace est envisagée, ainsi que des rotations avec des brise-glaces.
- Les déchets plastiques sont à usage unique ou compactés.
- Le niveau de flottaison est adapté à la montée de la glace autour du bateau et sous la coque. Une grille peut être installée sur la « moon pool » pour bloquer la glace.
- Les parois du navire sont des mono-parois et non des doubles parois.
- Les variations de température dans les laboratoires sont gérées grâce à des portes étanches et des adaptations spécifiques.
Plus d’informations sur la station polaire dérivante : https://fondationtaraocean.org/goelette/tara-polar-station/
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