Et si vous vous initiez à la langue bretonne ?
Merci à Gael de nous autoriser à rediffuser ces cours qu’il donne sur facebook.
Toute l’histoire de la Bretagne sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Bretagne
La culture bretonne au pays de Lorient : www.emglevbroanoriant.bzh
A force de m’entendre parler ou en parler, plusieurs personnes m’ont demandé de leur donner des bases de breton. A distance, ce n’est pas évident et je ne suis pas enseignant, mais j’ai accepté de leur proposer quelques petits trucs. Ce premier « cours » à distance, je le donne ici en espérant que ça puisse donner envie à d’autres personnes de s’y mettre. Mais ce que je fais ici est périlleux: d’abord parce que je vais me prendre une flopée de critiques de la part de ceux qui parlent déjà breton du genre « ouais, j’aurais plutôt dit comme ça » ou « ça, c’est faux », ensuite parce que je rappelle qu’une langue SE PARLE et que vous n’aurez pas le son. A la fin du post, je redirige vers les structures qui donnent de VRAIES formations de breton… L’objectif ici n’a qu’un seul but: donner envie à certain(e)s d’aller plus loin!
Je vous propose ici de bosser avec la méthode de Mark Kerrain. « Ni a gomz brezhoneg » (nous, nous parlons breton). On commence par se présenter. Leçon 6: http://www.kervarker.org/fr/kentel06_01_diviz.html
Rappel, je ne suis pas enseignant et donc même si je maîtrise correctement le français, j’ai un peu oublié les leçons de grammaire et de conjugaison de primaire (d’autant que je n’ai pas d’enfants pour réviser). Quant à la phonétique j’ai toujours été nul!
Demat: bonjour
On peut saluer de bien des manières en breton. Souvent, on rentre directement dans le vif du sujet par un « comment ça va? »
Mont a ra mat? / Cela va bien?
Mat ar jeu? / ça gaze?
Penaos ‘mañ kont? / Comment ça va?
Mat an traoù? / Comment vont les choses? (sans doute le plus courant)
Penaos ‘tro ar bed/rod ganit? / littéralement comment tourne le monde/la roue pour toi? (là, on est pas mal niveau de langage!)
Les pronoms personnels sujets en breton
me (prononcé « mé »)/ marque du « je » – moi
te (prononcé « té »)/ marque du « tu » – toi
eñ (prononcé « un »)/ marque du « il » – lui
hi / marque du « elle » – elle
ni / marque du « nous » – nous
c’hwi / marque du « vous » – vous
int / marque du « ils » – ils
Conjugaison du verbe « Bezañ », « être » à l’indicatif (le verbe est toujours en deuxième position)
Pour dire « je suis » dans une phrase, on utilisera « on »
Pour dire « tu es » dans une phrase, on utilisera « out »
Pour dire « il est » ou « elle est » dans une phrase, on utilisera « eo »
Pour dire « nous sommes » dans une phrase, on utilisera « omp »
Pour dire « vous êtes » dans une phrase, on utilisera « oc’h »
Pour dire « ils sont » ou « elles sont » dans une phrase, on utilisera « int »
Exemple:
Piv out? Piv oc’h? (qui es-tu? qui êtes-vous?)
Gael on / je suis Gael
Pour dire « je suis Gael », on pourra également dire:
Gael eo ma anv = Gael est mon nom (littéralement en breton, on traduirait par « c’est Gael mon nom »)
Note: « Piv » se prononce « Piw » (écoutez le lien de la leçon)
En breton, la début de la phrase est ce sur quoi on accentue. Ainsi, on peut dire « Me zo Gael » qui ne veut pas vraiment dire « je suis Gael », mais « Moi, je suis Gael » (ou encore « c’est moi Gael ») sous-entendu ce n’est pas toi! Cette règle est très importante car elle permet beaucoup de nuances par rapport aux périphrases du français.
Ici, s’arrête le premier cours (je vous préviens: il n’y en aura pas 36, parler une langue ne veut pas dire l’enseigner!)
Deskit mat tudoù!
Deuxième leçon de breton, pour rappel, je ne suis pas enseignant, je suis un peu comme ces militants du collectif Ai’ta sur cette photo, capable de donner du goût, de donner l’envie d’aller plus loin. En fin de post, vous trouverez des liens utiles pour ce faire.
Bref, cette deuxième leçon, questionner, s’appuie sur la leçon 3 de la même méthode que la dernière fois: http://www.kervarker.org/en/kentel03_01_diviz.html
On a déjà vu (cherchez plus bas dans l’historique) le « comment ça va? / bonjour ». On a aussi vu « Piv / Qui ».
Piv on? Qui suis-je? (réponse: Gael on / je suis Gael)
Piv out? Qui es-tu? (réponse: « Gwen on » si je m’adresse à Gwen)
Piv eo? Qui est-il? (réponse: si je désigne Yves en m’adressant à Fanny, elle répond: « Yves eo »)
Piv omp? Qui sommes-nous?
Piv oc’h? Qui êtes-vous?
Piv int? Qui sont-ils?
Révision de la précédente leçon faite, on passe donc à la suite des questionnements. Avec « Petra » qui veut dire « Quoi ».
Petra eo se? Qu’est-ce que c’est?
Un ti eo. C’est une maison.
Ur gwele eo. C’est un lit.
Ur gador eo. C’est une chaise.
Un daol. C’est une table.
Un dresadenn vil. C’est un dessin moche.
Le « Petra » est extrêmement important car il vous servira… au bar!
Le serveur doit vous dire: « Petra ‘po? » Littéralement « qu’est-ce qui ira avec toi ».
Vous, vous répondrez:
Ur banne kafe ‘mo, mar-plij / Une tasse de café ira avec moi s’il vous plaît
Ur banne te (thé)
Ur banne bier (bière)
Ur banne laez (lait)
Ur banne dour (eau)
Ur banne chokolad (chocolat)
Ur banne chistr (cidre)
Ur banne gwin (vin)
…
On ne dira jamais « Un te » ou « Ur c’hafe ». Mais ur banne kafe. Ur c’hafe ne serait pas liquide. A vrai dire, je ne sais pas si cela existe!
Ensuite vient « Perak ». Perak, c’est pourquoi?
Perak ep ken sot Gael? Pourquoi Gael est-il si idiot?
Réponse:
‘rak / abalamour / peogwir : parce que (au début, mieux vaut privilégier peogwir)
Peogwir eo (eñ) kouezhet war e benn / Parce qu’il est tombé (sous-entendu « lui », le « il » est exprimé dans la phrase en breton par la terminaison du verbe mais ne s’écrit pas, ni ne se dit sauf si on veut insister) sur la tête.
Tête = « penn » mute en « benn »… on verra les mutations après… moi-même je ne suis pas doué
Setu perak / voilà pourquoi
Bifurcation dans la leçon:
Le « Emañ » ici, c’est un verbe de situation. Un peu comme en castillan pour ceux qui connaissent (désolé si je me trompe, je n’ai jamais pris un cours de ma vie): Soy/Estoy. Estoy en Madrid. Je suis à Madrid.
Je vis à Lorient. Emaon (être de situation marque de « je ») o chom (vivre au sens « habiter ») en Oriant (à Lorient).
Pelec’h emañ o chom Gael? Où habite Gael?
Emaon o chom en Oriant / j’habite à Lorient
Emaout o chom en Oriant / tu habites
Emañ o chom en Oriant / il ou elle habite
Emaomp o chom en Oriant / nous habitons
Emaoc’h o chom en Oriant / vous habitez
Emaint o chom en Oriant / ils ou elles habitent
Après « Perak » vient « Pegoulz »: Quand
Enfin, Penaos?: Comment
On l’a aperçu pour se présenter: Penaos ‘mañ kont? Comment ça va?
Penaos eo deuet Gael da vezañ kelenner? Dre chañs. Goulennet o deus mignoned dezhañ kelenn brezhoneg dezho.
Comment Gael est-il devenu enseignant? Par chance. Des amis (à lui) lui ont demandé de leur apprendre le breton.
Penaos e vez lavaret « merci » e brezhoneg? Comment dit-on « merci » en breton?
Trugarez
« Penaos e vez lavaret « … » e brezhoneg? » Cette phrase est importante. Apprendre une langue, normalement, se fait par l’immersion (Coucou Diwan!). C’est à dire que tout doit être fait en breton. Sans quoi, on se concentre sur le français et on n’avance pas. Ce qui est dur en breton, c’est que c’est une langue minorisée. Si tu veux apprendre l’allemand, va en Allemagne, si tu veux apprendre l’anglais, Angleterre, Cornouailles, Pays de Galles… mais si tu veux apprendre le breton? En Bretagne, seul 5% de la population parle breton. Et encore, je dirais plutôt 5% ont des notions. Officiellement 200000 locuteurs, en réalité quoi? 50000 personnes capables de parler réellement à tout casser. Sur 5 millions d’habitants!
Bref, cette phrase permet de demander à l’enseignant des mots de vocabulaire sans utiliser le français. La forme « vez » est une forme d’habitude. On verra ça plus tard, si j’ai le niveau pour aller jusque-là!
Il y a aussi « Pegement? » pour Combien? Mais on verra ça avec les chiffres. « Pegeit? » aussi pour le temps. « Pet? » pour le nombre. (…)
Echu an eil gentel. La deuxième leçon est finie.
Comme je l’avais promis, voici le troisième cours que j’ai proposé à mes colistiers de Lorient en commun il y a quelques semaines. Pour celui-ci, nous nous appuierons sur les cours du soir dispensés par Skol an Emsav (à Rennes). Je vous préviens, cette leçon n’est pas évidente (surtout les mutations), mais si vous apprenez bien, ça roule pour pas mal de mois après et vous pourrez, moyennant du vocabulaire, commencer de la petite conversation. Moi-même je m’embrouille souvent donc ne paniquez pas ! On a tout le temps… une langue, c’est d’abord fait pour être parlée et l’apprendre demande de la patience. C’est un jeu de séduction!
On commence par les articles :
La règle : Selon la lettre par laquelle commence le mot, l’article change.
Cela peut être AL – AN – AR pour l’article défini (le ou la)
Ou
UL – UN – UR pour l’article indéfini (un ou une)
Par exemple, « Arzh », c’est « ours ». Mais comment dit-on « un ours » ? « Un arzh ».
Tout mot commençant par la lettre « L » aura un article en UL ou AL
Celui-là, c’est le plus facile. On ne réfléchit pas. Un « L » et hop, l’article finira par « L »
Ex : Al logodenn, la souris ; Al louarn, le renard ; Al labous, l’oiseau
Tout mot commençant par N / D / T / H ou une voyelle (sauf le Y) aura un article en UN ou AN
Ex : An naer, le serpent ; An tad, le père ; Un ti, une maison ; An heol, le soleil. Et pour les voyelles : An avel, le vent ; Un eskemm, un échange ; An iliz, l’église ; Un olifant, un éléphant ; An urzhiater, l’ordinateur. On dira ur yar, une poule.
C’est aussi une question de liaison à l’oral. Il faut donc se familiariser, mais rapidement, ça vient tout seul. L’idéal, c’est de garder un exemple en tête. Comme ça, si vous avez un trou, vous reprenez cet exemple.
Le reste des mots (la majorité donc) aura un article en UR ou AR
Ex : Ar strobineller, le magicien ; Ar bleiz, le loup ; Ur ran(ig), une grenouille
Attention : Ar + K n’existe pas. Ex : on ne dira pas « ar kêr » pour la ville
C’est là que le breton devient compliqué. La première lettre d’un mot peut muter en fonction du genre du mot.
Kelenner – Kelennerez
Enseignant – Enseignante
Le suffixe « ez » est une des marques du féminin
On dira Ar c’helenner / l’enseignant
Mais on dira Ar gelennerez / l’enseignante
Le K mute donc en c’h ou g en fonction du genre
Ur gêr : une ville
Ar c’hoala : le koala
Voyons maintenant la règle du possessif :
La règle n’est pas compliquée : on a vu lors du dernier cours « me, te… »
Pour les possessifs, c’est à peu près pareil. On a :
Ma = mon/ma (équivalent de me, moi)
Da = ton/ta (équivalent de te, toi)
E ou He = son/sa (équivalent de eñ ou he, lui ou elle)
Hon / Hol / Hor = notre (même règle que l’article en fonction de la première lettre du mot) (équivalent de ni, nous)
Ho = votre (équivalent de c’hwi, vous)
O = leur (équivalent de int, eux/elles)
Pour le possessif, il faut retenir qu’on ne dira pas « le chat du père », mais « chat du père »
On ne dira pas « Ar c’hazh an tad », mais « Kazh an tad », l’article n’est exprimé que pour le dernier mot.
Moto ar plac’h, la moto de la fille
Fri Yann, le nez de Yann
Kentell Gael, le cours de Gael
Mantell ar c’hi, le manteau du chien
Aval an heureuchin, la pomme du hérisson
Un dernier petit problème avant de raccrocher : avec les possessifs, on a aussi des mutations. Les mutations, c’est ce qu’il y a de plus compliqué en breton, mais une fois qu’on les connaît, c’est une langue très simple, comme l’allemand : difficile au début et après ça roule. Donc, accrochez-vous sur ces règles, révisez un peu, relisez de temps à autre. Petit à petit, ça rentrera. N’ayez pas peur de faire des fautes. Je n’en suis pas fier, mais mes phrases sont truffées de fautes et ça ne m’empêche pas de m’exprimer. Le breton n’est pas réservée à une élite.
Avec MA (mon/ma)
Le K devient C’H (« C’H » était une lettre à part entière en breton)
T devient Z
P devient F
Ki, ma c’hi / chien, mon chien
Tog, ma zog / chapeau, mon chapeau
Pemoc’h, ma femoc’h / cochon, mon cochon
Plac’h, ma flac’h / fille, ma fille
Avec DA (ton/ta)
Le K devient G
Le T devient D
Le P devient B
On appelle ça une « mutation par adoucissement » (à l’oral, c’est frappant)
Kayak, da gayak / Kayak, ton kakak
Taol, da daol / table, ta table
Pijama, da bijama / pyjama, ton pyjama
En résumé, un petit tableau à recopier et à accrocher dans vos toilettes :
+ K T P
Ma C’H Z F
Da G D B
Maintenant, les liens vers les vrais pro en formation longues ET cours du soir:
Skol an Emsav (Rennes, St Herblain, St Nazaire): http://www.skolanemsav.bzh/
(je les mets en premier car j’ai appris avec eux)
Stumdi (St Brieuc, Guingamp, Landerneau, Brest, Ploemeur, Arradon, Vannes): https://stumdi.bzh/
Roudour (Quimper, Morlaix, Carhaix, Hennebont, Lannion, Lesneven): https://www.roudour.bzh/
Mervent (en Cornouaille): https://www.mervent.bzh/
+ les cours du soir de Kentelioù An Noz dans le pays de Nantes, de Bod Kelenn dans le pays du roi Morvan, de Tarzh An Deiz dans le pays de Lorient… (là, j’en oublie des palanquées)
On ne « sauvera » la langue qu’en l’apprenant. Mettre ses enfants en filière bilingue, c’est génial, mais ça ne suffit pas! Il faut l’apprendre soi-même ou chercher à le faire au moins.
Une appli gratuite et ludique pour apprendre le breton : Kwizh Brezhoneg (Apple / Android)
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