Le régime des intermittents du spectacle : comment ça marche ?

On en parle en ce moment, car les intermittents du spectacle vivant occupent plusieurs théâtres en France. Mais concrètement de quoi s’agit-il ?
C’est un régime d’indemnisation-chômage pour des artistes professionnels, car un intermittent du spectacle n’est pas employé en continu. Exception culturelle : ce régime n’existe qu’en France.

Comment l’obtenir ?

Pour une grande majorité de cas, l’indemnité est de l’ordre de 1200 à 1300 € nets / mois.
Pour un artiste (comédien, musicien, danseur, clown, arts de la rue…) il faut avoir obtenu 43 dates de représentations dans l’année, fixées par un contrat. Pour un technicien (son, lumière, régie, costumière, maquilleuse…) il faut avoir travaillé 507 h dans l’année. Si l’intermittent ne parvient pas à justifier de ce nombre de contrats ou d’heures pour un an, il perd le droit à ce régime.
Depuis la crise sanitaire, à cause de la fermeture des salles de spectacles, de l’interdiction des spectacles debout, des restrictions concernant les rassemblements sur l’espace public même en extérieur, un très grand nombre d’entre eux sont interdits de travailler et menacés de ne plus pouvoir exercer leur métier. Ils ont obtenu une année blanche jusqu’en août 2021 (c’est-à-dire la prolongation de leurs droits). Mais si les spectacles ne reprennent pas dans un futur très proche, et si leur année blanche n’est pas renouvelée jusqu’en août 2022, la plupart d ‘entre eux perdront leurs droits.

Quel rapport y a-t-il entre cette indemnisation et le cachet perçu pour un spectacle ?

Les chiffres sont arrondis pour faciliter la compréhension, avec. Si on prend l’ exemple théorique d’un cachet de 240 € bruts /par artiste pour un spectacle (ce qui représente non seulement 1h à 1h30 de prestation, mais aussi tout le temps de préparation : répétitions, installation du matériel, etc) :
– 120€ sont versés immédiatement, au titre des charges, au GUSO (Guichet Unique du Spectacle Occasionnel)
-Restent 120 € de salaire net, mais Pôle Emploi diminue alors l’indemnité-chômage de plus de la moitié de ces 120 €
-Si bien que pour un cachet brut de 240 €, l’intermittent a gagné en fait environ 50 € seulement (qui s’ajoutent à son indemnité). C’est vraiment très peu cher payer tous ces artistes professionnels qui nous apportent le rêve, la beauté, l’émotion et nous aident à vivre.
On ne fait pas ces métiers pour devenir riches, on les fait par passion. Mais si les intermittents perdent leur régime, la culture disparait, et avec elle la civilisation et notre part d’humanité.

Mireille KERGOAT

2 réponses
  1. ERIK VAN DYCK
    ERIK VAN DYCK dit :

    Quelque soit le soutien pour les intermittents , chacun se doit de les soutenir pour que personne n’ ai les idées dans les « talons » ! Sans eux la vie sera maussade pour tout le monde….

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  2. Jonathan Deschamps
    Jonathan Deschamps dit :

    Merci pour ce superbe article qui résume bien la situation des intermittentEs du spectacle.
    J’écris en tant que membre du collectif d’occupation du Théâtre de Lorient.
    Une centaine de lieux culturels sont effectivement occupés sur la France entière afin de lutter contre la réforme de l’assurance chômage et pour la prolongation de l’indemnisation des intermittentEs du spectacle. En effet, les personnes précaires subiront une baisse moyenne de 168€ par mois sur leurs indemnités. Le CDD (80% des embauches actuelles) et le temps partiel sont les normes du marché de l’emploi. La plupart des personnes précaires travaillent en CDD de quelques mois, sont au chômage quelques mois et travaillent ensuite encore quelques mois. Cette lutte concerne toute la population touchée par la précarité et nous accueillons toute personne souhaitant y contribuer.
    Plus d’informations sur ces pages internet :
    https://twitter.com/GTLorientoccup?s=20
    https://www.facebook.com/Th%C3%A9%C3%A2tre-de-Lorient-Occup%C3%A9-107234474779158
    http://gtlo.fr/
    C’est ensemble que nous gagnerons !

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