Par Marcel Le Guilloux
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Réchauffement climatique….
Je dis qu’il pleut,c’est faux, il flotte,une vraie flotte, une qui cogne,qui gifle, qui griffe,pas comme cet hypocrite crachin breton qui tombe du ciel ou monte du sol, qui est là comme s’il avait été toujours là. Non, celle-ci est agressive dans la tempête incessante, sans répit, comme une mousson tropicale.
Chaque fois que je dis « mousson », je souris, je pense « bière » mais il y a belle lurette que les cales sont à sec.
Je vis à Lorient sur mon bateau, enfin au-dessus de Lorient, à dix mètres à l’aplomb du clocher de l’église St Louis. Je me suis arrimé à la croix en béton, j’ai confiance.
On nous avait prévenu mais moi, je suis un pur, un dur, un climatosceptique. J’ai vite déchanté. Les coefficients de marée m’ont alerté, des marnages dignes du Mont St Michel , vous savez ,là où la mer monte à la vitesse d’un cheval au galop, non, ça ne vous dit rien le Mont St Michel, perdu, noyé, oublié le Mont St Michel, une des sept merveilles du monde pourtant. Alors qui se souviendra de nous ?
Ce sont les larmoriens qui m’ont intrigué. La ronde incessante des camions de déménagement, les volets que l’on barricade.Tous se trissent, se carapatent sur les hauteurs. La Montagne du salut porte bien son nom, tous ceux qui habitaient le trou de la sécu y construisent des villas. On appelait ça « le trou de la sécu » car habité surtout par des médecins, maintenant, ils serrent les fesses, les médecins.
Moi, j’ai de la chance, je flotte, bien arrimé au crucifix de la paroisse. Bien sûr ça tangue, bien sûr ça gîte mais les poules s’y font.
Oui, j’ai des poules, un coq aussi, une lubie. Je m’ennuyais alors j’ai acheté des poules, les plus moches, ça me rappelle ma femme, plein de sacs de grains et un coq parce que c’est con un coq. Grace à Maurice, c’est le nom du coq, je ne suis plus le plus con à bord. Pour manger, j’attends que les poules pondent. Momo, le coq, est un chaud lapin, ils les montent souvent, j’en laisse toujours deux ou trois couver, j’entretiens la basse-cour comme on dit, c’est joli un poussin, deux aussi.
Les poissons ont tellement la trouille dans le déluge qu’ils sautent sur le pont, là, ils agonisent en cherchant l’air, l’eau, ce n’est pourtant pas ce qu’il manque. Nous, on rigolent Momo et moi, après, on les clape. Ça changent un peu des oeufs.
-C’est vraiment con, un poisson…
-Plus con que toi?
-Euh, ben oui…
et on se tord de rire mais quelque fois on s’emmerdent.
Momo s’appelle Momo, moi Marcel mais Momo m’appelle Noé, ch’ais pas pourquoi!
Déjà fini le premier sac, je le retourne pour bien le vider, faut pas gaspiller. Et sur la toile de jute, à l’intérieur, une carte est imprimée.
Enez Groe, ça me dit quelque chose Enez Groe, mais quoi ?
J’appelle mon voisin, un con que c’est rien de le dire. Il se rase tous les matins, avec la houle, il se lacère le visage, s’invente des rides sanguinolentes. Il va finir par attirer les requins ce con. Il se met à coupe,monte à bord, je lui montre la carte. Je sais lire une carte bien sûr mais à deux, on est moins cons.
-Alors là, tu vois, y’a la Croix du Sud, le nord magnétique mais maintenant que le soleil se lève à l’Ouest …
-Euh oui,… mais on est cons, on est cons!
-Oh, tu sais que j’aime pas ce mot là, pauvre con va!
Et il se tait, il se tait ce con
-Bon ben, tu l’ouvres un peu
-On est cons, il suffit de tourner la carte et on trace la route
-Pas bête
On sort sur le pont,tous les bateaux se sont mis à coupe, ils ont peur que l’on se trisse sans eux, ils n’ont pas tord,sont pas si cons!
-Bon, d’accord, vous me suivez, on se forme en Armada mais c’est moi le chef!
-Oui chef!
-Pour ne pas se perdre, toutes les dix minutes, en décalé, chaque unité souffle trois coups de corne de brume …en formation, c’est parti…
Très vite, c’est la cacophonie, j’en peux plus. Je coule le plus près, c’est l’autre con,. mon pote, celui de la carte. Tant pis! Enez Groe ,ça me dit quelque chose bon sang….et toujours ce bordel, j’aimais tant le silence, j’en coule un autre puis un autre, puis un autre….j’arme ma scie-cloche mais sur le pont, une égérie,un miracle,une femme en robe avec une bouche pleine de dents,les tresses collées dans son généreux décolleté, des jambes à arpenter le ciel me sourient. Je lui souris, il y a comme des éclairs entre nous, de l’électricité. Je lui offre la main à la gentleman, elle saute à bord, elle n’est pas en robe mais en Guy Cotten, un jaune comme tous les Guy Cotten. Je regarde mes poules, elles sont belles, peut-être que ma femme était belle finalement.De toute les façons, elle était con et les poules, c’est pas con.
C’est comme si elle avait été toujours là, on se mange des yeux, des papillons s’amusent dans nos ventres malgré la tempête. C’est ça l’Amour,ça chatouille?
-Tu les entends?
-Oh oui!
-Ecoute, on va les supporter jusqu’à Enez Groe, une fois arrivés, reconnaissants, ils cultiveront les champs et nous payeront leur dîme en nature.
-Mais Enez Groe aussi sera submergée
-Eh non, Enez Groe est une île flottante, tout le monde l’a oublié même les grecs, mais Enez Groe est une île flottant, les grecs étaient les habitants de Groix mais ça fait bien longtemps qu’il n’y a plus de grecs sur l’île.
-Pourquoi?
-Parce que, comme tous les sites touristiques, inflation immobilière, grecs obligés de vendre les maisons de famille aux parigots tête de veaux.
-Ça, c’est pas drôle
-Ah bon, c’est pas drôle …et je démarre la scie-cloche
-Si si, ça, c’est drôle ……..et elle m’embrasse en riant…c’est quoi ça?
-Ça, mais c’est Groix, c’est Groix,Enez Groe, on est sauvés, sauvés….comment t’appelles-tu?
-Marie
-Bienvenue à l’île Marie,Marie!
Le débarquement se passe dans le calme et l’allégresse malgré la fatigue. Le vent, la pluie, la tempête, tout ça, c’est fini, ici, c’est l’Amour.
-Merci Noé, merci Noé
Tous me saluent, me remercient en débarquant.
-De rien les gars mais je m’appelle Marcel, Marcel
-Merci Noé, merci Noé ….
Le lendemain, je distribue les terres , les maisons, je nous octroie l’église (il y a un thon sur le clocher, c’est pas con, un thon), l’église, ils aménageront pour nous. En attendant ,on s’installe dans la villa où trône le balcon de la veuve,c’est la plus belle villa, c’est le paradis!
Je me suis instruit des compétences de chacun, il y a même un médecin, ça commence bien. Plus tard, nous raserons les maisons, les plus moches, l’île redeviendra belle. On aurait pu l’appeler Belle-Île mais Marie,c’est bien…l’Ile Marie!
-Et nous, qu’est-ce qu’on va faire?
-L’Amour, on s’occupera des poules, on refera l’Amour. Si j’ai le temps j’écrirai La Bible, on ne va pas changer le monde, juste l’embellir,pas vrai Momo?
-Cocorico,cocorico
-Tu vois
Ps: Mais n’oubliez pas de voter …
Le 5/6/24
Le Sonotone…urgence
( le vert est dans le fruit et regarde Caïn )
Des instituts de sondages dit autorisés annoncent
– La résistible montée de Zémour Eric
– de Le Pen Marine
fort heureusement compensée
– par la bonne résistance de Lasalle Jean
Le Sonotone et d’autres grands groupes de presse dont Libation, Carambar, BIP (bulletins inter-paroissiaux) ont décidé l’organisation d’un
Grand rassemblement citoyen
Grc
– avec les coiffeurs, les chômeurs, les alcooliques, les abstinents, les repentis, les artistes, les pacifistes, les retraités, les actifs, les handicapés,les sceptiques de tous sexes et Vous et souvenons-nous
……………….qu’un sondage est un instantané sur un trottoir crotté destiné à nous faire penser comme les commanditaires du dit sondage pensent
………………..que nous avons un Pass ‘ Salutaire dit aussi carte vitale dit aussi carte d’électeur
Le Vote
La convention sera suivie d’un grand apéro festif, nez de clowns, langues de belle-mères, confétits bien venus pour que vive
La Démocratie
Le 1/04/22
Le Sonotone N° spécial
… et nous sommes déjà fin janvier, voici l’heure de se pencher sur le cimetière de nos « bonnes résolutions »
– en janvier, pas d’alcool,comme vous n’y avez jamais cru, est-ce une surprise cet apéro ?
– cette année, sport, oui mais il fait trop froid, trop gris pour un footing… vrai, et cet été il fera trop chaud
– cinq fruits et légumes par jour : si pour les fruits ce n’est pas terrible, pour les légumes par contre vous êtes même bien largement au-dessus … cinq pommes de terre par jour ne vous font pas peur
– et combien d’autres petites auto-trahisons à votre actif
J’en parlais l’autre jour avec Brice Le Teinturier qui comme moi analyse la population française dans les bistrots
– L’homme ne croit plus en lui-même, m’affirmait-il, et se méfie des autres !!!
Il a sûrement raison…
Et je me suis pris à analyser le comportement de ceux que je considère comme plus ou moins proches, il en résulte que sur 376 vœux que je vous ai adressés par mails, sms ou courrier, je n’ai reçu que 21 retours exprimés, les blancs, les nuls ne sont pas comptabilisés.
– 2 personnes me souhaitent le pire
– 18 regrettent de m’avoir rencontré
– et 3 autres espèrent que je change
… j’en passe et des pires
Vous ne croyez plus aux vœux exprimés avec sincérité, dommage ! J’espère juste que vous n’irez pas jusqu’à écouter les sirènes du pire qui enfleront jusqu’au printemps… et bien plus hélas si affinités
Le Sonotone qui comme vous le savez est un journal apolitique de gauche vous présente ses meilleurs vœux avec sincérité et angoisse
Marcel, réac en chef
PS : comme vous le savez , Le Sonotone appartient à ses lecteurs mais à qui appartiennent les autres médias ?
Le 31/01/2022
Le Sonotone n° d’avril
Devient ce mois-çi le Sonne Au thon
(en l’honneur de tous ces pêcheurs de perles qui nous font la vie plus légère)
En ces temps troublés ,nous nous devions, nous aussi, d’être les joyeux sapeurs de la joie de vivre, c’est pourquoi cette année nous vous offrons un florilège de quelques saillies qui ont marqué ces millénaires
Et commençons par le fondateur :
– Et la lumière fut
Il faudra 15 millions d’années à Cromignon pour « inventer » le feu, 15 autres pour découvrir l’écriture, et la lecture .
5 millions d’années plus tard ils comprirent enfin la plaisanterie….
Mais revenons en ce millénaire :
– Il sortit de la vie comme un vieillard en sort (Victor Hugo dans Les Châtiments)
Humour poétique
Plus prés de nous :
-N’oubliez pas les enfants, Jésus n’a jamais baissé les bras
-forcément, y’ pouvait pas !
(La guerre des boutons, Humour cinématographique)
Plus proche encore :
-Blanc, je vois, Gris, je vois….mais plus banc que blanc, je vois pas (Coluche, humour scientifique)
Et maintenant, celui qui enfouit dans les poubelles de l’histoire toutes ces joyeusetés.
Celui qui décide d’un cap pour nos vies, j’appelle pour le Carambar de Platine, Mr Macron, président de la république française
Pooooouuuuuur ………….( marseillaise) Le confinement déconfiné
Humour politique
Bravo
Merci, et au prochain quinquennat si nous ne perdons pas le sens de l’humour
Notre livre du mois : « Le rire » de Bergson
Ps : Certains de nos lecteurs, les plus attentifs, sont étonnés de ne plus croiser Mr Willem dans nos colonnes, ni celles de Libé.
Nos groupes ayant décidé à sa demande, d’offrir un joyeuse retraite à ce dessinateur hors pair nous la lui accordons et la souhaitons belle et bien bonne…
Marcel, réac en chef
04/2021
Le Sonotone – n° d’hiver
à Lucien Gourong, conteur épicurien et groisillon
(Photo: Yvon Kervinio)
Comme je dors peu, je me réveille souvent endormi. Je somnambulise jusqu’à la fenêtre que j’ouvre avec gourmandise. Je me remplis les éponges d’un air que personne encore n’a respiré, je vis.
Ce matin-là, c’est différent, une odeur que j’attends depuis des années, un cadeau, un fantasme. J’ouvre les yeux doucettement, il a neigé, il neige, ça sent le neuf, l’origine, le beau.
8 heures, je petit-déjeune, jambon, œuf, fromage, un bon verre de bon vin…. et hop, je m’habille et hop, je saute dans le fidèle Pimpom et hop, en route.
Dans un verger, entre les pommiers, j’aperçois un petit ours blanc. Déjà là! Fantastique nature.
Enfin la mer, je me glisse à l’arrière, me change. Mince, j’ai oublié mon maillot. Qu’importe, à cette heure-ci, par ce froid, il n’y aura personne sur la gréve n’est-ce-pas ? Quelques mouettes peut-être, quelques gravelots sans doute. J’ai un bonnet de laine, un bonnet de bain, se protéger la tête est le geste animal des nageurs de hauts fonds. Je m’emmitoufle dans mon peignoir, mon sac isotherme et vite, la plage, et vite la mer.
C’est éblouissant, doux, mes pieds nus sont caressés par la neige, réchauffés par le sable. Les vaguelettes se frottent le ventre au continent. Personne, seul témoin de ces nouvelles amours, je vois, je vis.
Au plus prés de l’océan, je m’extrais de ma carapace d’éponge … un papillon sort de sa chrysalide .
Dans ce balbutiement, j’entre, l’air est à -2° , l’eau à 7°. Mi cuisses, mi fesses, nombril, je me rince la bouche à cette eau délicieusement iodée – technique utilisée par nous autres, nageurs de hauts fonds – mettre son corps au diapason de l’unité. Le bonheur.
Au large…
Je dépasse les 3 Pierres. En quelques brasses bien senties, me voici dans les coureaux entre Larmor et Groix. Enfin, le vapeur, liaison maritime entre l’île et le continent.
Je l’attends, j’adore nager le papillon dans le sillage de ce monstre. Ses hélices voraces pourraient m’avaler, m’engloutir, je ne lutte pas, je survole l’eau bouillonnante.
Je choisis ma pêche patiemment. Celui-ci, trop vieux, celui-là, trop jeune, celui-ci, magnifique.
Grâce au réchauffement climatique, les icebergs dérivent. Dérivant, ils assomment des poissons qui nous arrivent congelés. Après une récolte juste, équitable et raisonnée, ma besace est pleine à craquer.
Petite pause. Quelques minutes de planche pour récupérer. Comme c’est bon ! Je respire calmement, profondément, je me remplis d’eau et souffle tel un cétacé, je recommence et recommence encore…
Demain, les journaux titreront :
– un troupeau de baleines aperçues entre Larmor et Groix –
Une année, je me souviens, une St Valentin, en faisant la planche, je pensais à ma fiancée. Le lendemain dans la presse :
– un sous-marin, sans doute soviétique, aurait longé nos côtes pendant plusieurs minutes De nombreux témoins, dignes de foi, ont certifié avoir aperçu son arrogant périscope – Je ne démens pas, la déraison pimente la poésie.
Le cœur léger, le corps lavé, le sac bourré, je regagne le rivage. Je ne vois plus mon peignoir. A-t-il été avalé par la marée montante, fauché par une admiratrice, par un admirateur ?
La vie reprend sur la promenade. Je suis nu. Qu’importe, avec la bandoulière du sac, le roi du nœud s’invente une ceinture. J’y accroche ma pêche. Je me confectionne un pagne et pudique, sans me presser, je rejoins Pimpom. Je suis léger, heureux, ravi. Quelle belle journée !
Au loin, deux uniformes verbalisent. J’allonge le pas.
– Messieurs, messieurs, excusez, j’arrive, je me suis baigné, je n’ai pas vu le temps passer, c’est bête mais…
– Pas de problèmes jeune-homme, allez vite vous couvrir. Dîtes, vous n’auriez pas vu une baleine au large ?
– C’était un cachalot messieurs. Messieurs, juste pour vous remercier, prenez je vous prie ……. Je leur tends deux jolies bonites.
-Merci mais vite, couvrez-vous, au revoir.
Je rentre au chaud dans Pimpom, me change, et m’apprête à repartir quand j’aperçois sur le pare-brise un avis de contravention pour…
Exhibitionnisme.
Mince, mais c’est bien sûr, j’ai décroché les poissons qui couvraient mon intimité.
Je souris, les gabelous ont bien fait leur métier, je suis heureux, je n’ai pas vu de baleine mais j’ai vu des fonctionnaires intègres.
Sur la route je croise celle que j’ai pris pour un ours, une jeune femme, mignonne d’ailleurs, avec sur la tête un bonnet à 2 pompons. Fantastique nature !
Elle fait du stop, que voulez -vous, j’adore les ours.
Mon congélateur est plein, il ne neige plus, les journaux titrent
– Ouest-France : un cachalot dans les coureaux –
– Le Télégramme : un orque entre Groix et le continent –
Il me tarde d’y retourner, l’hiver est court, la vie aussi.
Marcel, réac en chef
Le 24/02/21
Mes Jeunes Vœux……………..disent 9
Comme ce sont les mêmes qu’aujourd’hui
J’ai mis tous mes vieux vœux dans le même panier
« Ça s’écrit en noir, en rouge, en jaune ou bien en blanc
quand ça ne s’écrit pas , ça se dessine »
Picorez, picorez
chacun, chacune en aura sa part
tous, toutes les auront entiers
Ce ne sont pas des vœux recyclés
Ni bios, ni raisonnés
Cette année enfin,
Nous serons des Utopistes debout
Affamés de liberté
Le 13/01/19
avec la complicité involontaire et approximative
de Johnny, Hugo et Paris Clavel
n° Spécial Noël
(tirée d’une histoire presque vraie et légèrement romancée)
Chouette, chouette, chouette, ce soir je suis invité, gracieusement, à assister à un concert donné au grand théâtre
Au grand théâtre de Lorient
Le quatuor Bella s’y produit
J’y suis invité gracieusement,
Mais comme je suis toujours gracieux et élégant,
Cela sous-entend, sans doute que je fait partie des » VIP « ,
Que ma tenue se doit d’être particulièrement soignée.
J’ai la chance de voir la cour de l’école maternelle de la fenêtre de mon « home sweet home »
Rien au monde ne me déride plus que la vue des ces petits bouts de choux hurlant, courant, tombant sous l’oeil attendri de leur jolie maîtresse qui louche de son autre bel oeil sur le chronomètre qui bientôt guillotinera la récréation
Je m’éclipse bien avant le couperet dans la salle de bain
Le « lifting » a fonctionné, je suis lisse, souriant et très élégant dans le costume de mon
2 ème mariage, celui qui avait servi au 1er
Il est temps que j’y aille.
Je démarre mon joyeux et fringant Pimpom, je traverse la ville si joyeusement éclairée
Je vais écouter le Quatuor et je serai à l’heure
Je me gare près de chez Maître Brisset, j’ai 7 mn pour atteindre le Grand théâtre
Il pleuviotte, les arcades Jules Ferry m’offrent leur abri
A la terrasse des cafés, nombreuses sont celles qui d’un sourire m’invitent à partager un verre.
Je n’ai hélas pas le temps , je suis invité au concert, au récital
Récital, ça fait mieux, c’est plus chic
Je traverse La Place Rouge, ancien nom donné à la place de la mairie quand la mairie était de gauche.
Je m’y sens bien seul
Personne n’afflue vers le somptueux édifice blanc qui accueille les spectacles
Je cours, me serais-je trompé de salle
En quelques jolies foulées, je suis devant les portes vitrées d’un hall désert.
Bon sang mais c’est bien sûr, pas de temps à perdre, c’est sûrement au Studio Merville,
Il me reste 3 mn, c’est jouable
Déjà je cours, double la piscine, négocie joliment le virage des Halles Centrales
Je suis large sur les trottoirs de l’avenue
Je traverse, une voiture, une C3 pile et me klaxonne….. un ami peut-être, je fais un petit salut et me fais klaxonner par un autre ami venant dans l’autre sens et qui me fait la fête
– Abruti!!!!!
Pas le temps camarade, je vais au récital de euh, je suis un peu essoufflé mais je commande des fleurs
elle est jolie la fleuriste, je repars en courant…. avec mon joli bouquet
Elle hurle sur le pas de porte « Au Voleur »….. je n’ai rien volé, Mlle, c’est pour offrir
Un dernier virage à négocier, ça passe, ouf!!!!!
Je reprends mon souffle
Ça va aller, pile à l’heure, Super Marcel n’a vraiment pas volé son nom
Je pousse la porte, tous les regards se tournent vers moi
Dans le silence on entend les bulles de Champagne (depuis Higelin, Champagne est majuscule)
Dans le silence je vois ma silhouette dans les vitres,
Le costume de mon second mariage me colle à la peau, je dégoulle de pluie et de sueur
– C’est pourquoi me demande un homme tatoué, un régisseur sans doute (jean’s tee shirt, ce ne peut-être qu’un régisseur)
– je suis invité au récital de euh euh
– Y’a pas de récital ici, c’est L’Arbre de Noël de la boîte
Une très jolie et gracieuse jeune femme s’approche, me chuchote
– C’est la semaine prochaine monsieur et c’est à l’autre salle, mais partez je vous prie, vous faîtes peur aux enfants, s’il vous plaît, s’il vous plaît,
je lui tends les fleurs, des pivoines, j’adore les pivoines
…. et je rentre chez moi…. sous la pluie…I ‘m singing in the rain
… je ne sais plus où est Pimpom.
je vais regarder » Le père Noël est une ordure » …..à la télé… c’est pas drôle, j’aime bien rire
Le 17/12/18
Mamie Chipie
En préambule de mon dernier opus, « Au bout du comptoir, la mer », je cite Voltaire affirmant : « Le café est le parlement du Peuple »
Alors, par décision de justice, un parlement, une chambre démocratique vient de fermer ses portes dans notre quartier.
Sur la vitrine de Mamie Chipie, quelques mots de soutient ou d’estime. Trop peu à mon avis…pourtant cette dame, figure tutélaire, emblématique a coloré l’âme de notre quartier, a témoigné du commerce à l’ancienne où chacun serre la main de tous en arrivant et s’installe là où il peut, là où la conversation est en construction, en roue libre.
Allons-nous prendre l’habitude de ses caisses automatiques où il n’est pas utile de sourire à la machine enregistreuse ?
J’ai besoin d’un bon jour, de chaleur, de vie… je vous engage dans un superbe sursaut de témoigner de votre attachement à cet estaminet qui a pansé bien des solitudes.
Un mot pour elle est pour un moindre mal…
Chaleureusement à tous
Le 21/09/18
N° 9 de Pâques
Surprise dans l’édition !
Les rotatives tournent à plein,
Pas de week-end de Pâques pour les imprimeurs……
Pourquoi?
Dès mardi, dans votre librairie et non chez Amazone
Une nouvelle présentation de
– De l’amour – de Stendhal
Augmentée d’une préface de Yodelice
Qui est Yodelice ?
Tout simplement l’auteur-compositeur du dernier opus
– De l’Amour – de Johnny
Mr Sarkozy en citant Mme de Lafayette affole les ventes de – La Princesse de Clèves -,
Johnny en chantant – De l’Amour – ressuscite Georges Stendhal, l’oublié (Georges, je crois)
La petitesse ou le talent booste les ventes, il faut refaire les stocks !!!
Elsa Triolet déclarait le 14 février 1964 être une fan de Johnny (et de Bardot),
sans doute aurait-elle aimé être chantée par l’idole des jeunes!
Johnny, après avoir sublimé Lautréamont, Shakespeare, Labro, Jan et Jill et tant d’autres,
aurait pu graver dans la cire plutôt que dans le marbre
– Le rossignol se tait à l’aube – Elsa T chez Folio (1970)
Marcel, réac en chef…….encore sonné
Le 1/04/18
N° pair !
(Librement inspiré par Mr Le Soux)
Il fait beau,
Il fait froid,
Nous sommes des centaines
Nous sommes des milliers
Nous sommes des centaines de milliers sur les Champs
Au loin, le bruit des motos peut-être
Mille fois sur la pointe des pieds
Mille fois je ne vois rien d’autre que des milliers de gens sur la pointe des pieds
Des gens qui sourient une larme au bord des yeux
Des gens qui disent- Merci
Qui chantent- Que je t’aime
Qui braillent Gabrielle
L’histoire ne s’arrête pas à La Madeleine
Elle continue dans le coeur de ceux qui savent aimer
Nous n’aimons pas écouter aux portes
L’histoire continue
Nous sommes les héritiers
Marcel, réac en chef
Le 22/03/18