Bravo à Anne, photographe amateur lorientaise d’avoir relevé le défi d’une exposition virtuelle où images et mots se mêlent pour nous présenter son Lorient en nous invitant à la réflexion…Suivez l’artiste sur Instagram : LuneDeuxMiel
« L’ identification projective, désigne, en psychanalyse, le fait de projeter sur un objet des caractéristiques du soi pour s’y reconnaître. Cette exposition a pour but de partager une balade photographique, exprimée également sous forme de réflexions sur la vie, sur l’âme humaine, sur des pensées qui peuvent nous envahir à tout moment de la journée et en toute circonstance. » LuneDeuxMiel.
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Aurore
L’aube de mes pensées naît toujours de la même manière, un songe qui prend fin, des couleurs qui s’estompent, laissant place à d’autres plus vives, plus intenses bien qu’encore lointaines. C’est comme être dans dans un sas entre deux mondes. Deux formes de vie totalement différentes. Il y a le rêve et la réalité, bien que le rêve ne soit pas totalement dissocié de la réalité, puisque si nous rêvons c’est que nous sommes en vie. Il y a des jours comme celui-ci où je voudrais m’accrocher à mes rêves, parfois même qu’ils deviennent ma réalité tant le monde perd de sa saveur et de sa magie jour après jour.
Quête d’une image imparfaite
Je suis pour ce monde une image acouphène, remplie de bruit, des grains d’imperfection qui me collent à la peau. Je déplais aux yeux humains, comme si chaque détail de mon aspect dérangeait. Au premier abord et de loin tout semble joli, puis plus on se rapproche plus on aperçoit les défauts, à la fin on ne retient que ce qui dérange et c’est toujours comme laisser un goût amer dans la bouche, un goût de déception du « C’est dommage s’il n’y avait pas ces défauts ce serait parfait ». Or il suffirait de changer notre manière d’utiliser nos globes oculaires, pour réaliser combien la beauté peut avoir de multiples facettes.
Musée de la vie
J’avais réussi, tout était parfait, j’étais ce que tous attendaient de moi. Une belle photo, bien travaillée, retouchée presque parfaite et digne d’être accrochée dans une galerie du Louvre. Mais étais-ce réellement l’œuvre qui reflétait celle que j’étais ? Doit-on se conformer au monde ? Ne sommes nous pas conçus différemment justement pour parfaire le monde de diversité ?
Vision bleue
Mes yeux sont comme des lunettes en trois dimensions, les gens voient le monde qui les entoure en aberrations chromatiques, habitués à vivre dans la matrice ils ne voient pas l’univers autrement. On dit souvent que les yeux sont une fenêtre vers l’âme, pour ma part je dirais que cela va dans les deux sens, si mes yeux sont la fenêtre vers mon âme, alors mon âme les utilise pour voir l’ensemble de tout ce qui existe d’une façon différente. Toute chose prend une forme et une signification particulière, je vois de la beauté dans ce qui semble abstrait, je vois des couleurs là où les gens n’en voient pas. Regarde de l’autre côté du miroir …
Bonsoir
Bonsoir Lorient, bonsoir le ciel, bonsoir la mer, bonsoir le monde, bonsoir la vie. Ne m’oublie pas dans ton sommeil, ne m’oublie pas lorsque tu auras quitté le soleil.
V.TGV vie terrestre grande vitesse
Alors que le jour s’endort doucement, se couchant dans les draps portant les couleurs de la vie et l’amour, je dis au revoir au monde des mortels et commence enfin à vivre. Ma journée prend vie lorsque la Lune luit. Balade chaude mais douce, belle bien qu’effrayante parfois, tu m’as vu naître et m’as façonnée à tel point que quand j’ai vu le jour, mes yeux ont été aveuglés et j’ai couru à nouveau dans tes bras. Tu donnes à l’univers un sens nouveau, certains te croient dangereuse et maudite, moi je te dois la vie. Nuit…
Ivresse nuits de couleurs
C’est alors que quand vient la nuit, ma folie prend vie. J’entends les rires des groupes d’amis qui profitent de la vie, les hurlements des gens en colère, je vois l’amour s’éveiller devant la porte de l’immeuble après un rendez-vous. C’est comme si j’avais le globe entre mes mains, que je le tourne et atterris dans ce fameux monde parallèle, le jour laisse place à la nuit, le soleil qui se couche n’est pas une fin mais un autre début. La musique dans mes oreilles, je danse entre les néons et sur la route déserte, ma ville m’appartient, je suis libre. Nul ne voit mon cœur arc en ciel s’étaler entre les arrêts de bus et les bateaux qui dorment dans le port.
Réflexion nocturnes
Mais entre mes balades nocturnes, mes réflexions me mènent parfois à réaliser combien tout est éphémère et combien en un rien de temps la vie entière bascule. Pourquoi ce qui a de la valeur doit-il toujours nous échapper un jour ou l’autre ? On court chaque jour après la vie comme si c’était une course au sensationnel, les
gens répètent qu’ils se reposeront quand ils seront morts, mais alors dans quel but vivent ils ? Pourquoi courir en permanence, pourquoi s’évertuer à vouloir vibrer 24H/24 au risque de passer à coté de l’essentiel ?
Bradycardie du sommeil
Dans mon périple nocturne je décide de faire une pause, tout semble avancer au ralenti, je m’endors dans un monde et m’éveille dans un autre. Je perçois les faisceaux lumineux de la ville, des voitures, j’entends encore les vrombissements qui s’éloignent avec cette odeur d’essence brûlée, suis-je à deux doigts de sombrer dans le sommeil ? J’ai l’impression que mon âme se dissocie de mon corps, elle s’envole petit à petit et voudrait partir déambuler ailleurs, tandis que mon corps est ancré dans le sol et observe à moitié la ville qui après la fête, s’éteint petit à petit.
Fugue dissociative
Lentement, mes pas m’emmènent dans la pénombre du monde, le brouillard commence à poindre et m’envahir. C’est la marche nébuleuse de la nuit, celle qui nous mène aux abysses de notre âme, éveillée et pourtant dans un univers brumeux et sauvage. Les ombres deviennent effrayantes et enivrantes, c’est comme si on pouvait presque toucher du bout des doigts nos pensées, devenues mi humaines mi fantômes. On est tenté de les suivre pour les comprendre, savoir ce qui pourrait nous arriver si on ose s’engouffrer dans les méandres de la nuit, mais d’un autre côté il y a cette ceinture de sécurité qu’est la conscience encore éveillée, qui nous retient de tomber dans les profondeurs de l’esprit au risque de s’y perdre.
Chemin faisant
On pense que dormir est la fin alors qu’en réalité, ça n’est que le début d’une autre vie. Pour ma part, ma course continue, je peux terminer un livre mais pas l’histoire, car jamais elle ne s’arrête. Bon voyage …