Je viens de terminer le livre « Mémoires de jeunesse » de Gildas Trévetin qui m’a beaucoup appris sur la société de années 70 et son rapport au handicap. Je suis moi-même en fauteuil-roulant et je vis aussi en appartement. Son témoignage me réconforte, éclaire mon chemin, me console et me motive ! J’ai eu le plaisir de rencontrer sa compagne, Marie-Claude Gaillard, à l’espace multimédia du PLL. Elle m’a fait toucher du doigt l’auteur de ce livre précurseur…
C’est à Kerglazen qu’a vu le jour Gildas. A l’époque, c’était les sages-femmes qui pratiquaient l’accouchement, alors qu’aujourd’hui on peut opérer à distance grâce à la télé-médecine. Gildas est le « fruit» de l’époque où le clocher du village servait de seul repère à de nombreuses activités.
De réputation internationale, Kerpape est le centre de rééducation fonctionnelle qui fût son lieu de vie durant de nombreuses années. C’est dire qu’il pouvait grandir sereinement dans ce contexte médico-social situé en bord de mer, mais cela ne lui suffisait pas… Son désir profond était de vivre aussi en dehors de toute protection institutionnelle.
Au début c’est un véritable détachement, une nouvelle naissance. Habitué à tout le confort d’un centre, sa compagne Marie-Claude et lui allaient vivre non seulement ensemble mais leurs expériences serviraient d’exemple ! Eux qui se déplacent en fauteuil roulant allaient démontrer que l’existence d’une vie en couple est possible.
Quant à sa vie personnelle, elle mérite d’être évoquée tant elle est instructive et digne d’intérêt. Son livre permet de prendre conscience de la vie en institution et de la libération que peut être une vie normale en société.
Il se déplace en fauteuil roulant, n’arrive pas à manger seul et a des difficultés d’élocution… Dans son livre, il évoque des paradoxes comme d’un côté des discours qui soulignent la nécessité de reconnaissance de la personne handicapée et de l’autre, des pratiques qui limitent leurs responsabilités…
Gildas a été conseiller municipal pendant 12 ans à la ville de Lanester dans les années 80. On commençait à voir circuler en ville et sur la côte des personnes en fauteuil. Il raconte que ce sont les propriétaires d’un restaurant du Bas-Pouldu qui ont construit le premier plan incliné en ciment. Les questions d’accessibilité le préoccupent alors beaucoup pendant son action politique avec l’Union Démocratique Bretonne (UDB). Il soulève les incohérences de la société quand il raconte l’exemple où, dans un cinéma (Le Rex), une personne marchant avec des béquilles se voit interdire l’accès d’une salle à l’étage alors qu’elle pouvait parfaitement monter l’escalier…
A Lorient, son action porte ses fruits, les mentalités bougent. Les gens comprennent la nécessité et sont favorables à rendre accessibles les espaces de vie. Gildas constate que le regard sur le handicap change, moins de rejet manifeste…
Marie-Claude Gaillard, compagne et collaboratrice littéraire de Gildas, a eu un rôle important dans l’élaboration du livre. Elle partageait de nombreux moments de sa vie. Quand il s’agissait d’expliquer sa démarche, son vécu ou le contenu de son livre, elle s’avérait indispensable tel un exhausteur goût !
C’est dans une dimension pratique et philosophique que cet ouvrage s’avère très intéressant. D’abord pour celui qui vit le handicap au quotidien et ensuite pour ceux qui veulent donner un sens à la vie ! Ce livre est réconfortant parce qu’il est un témoignage sur le handicap et presque un mode d’emploi pour qui veut expérimenter, se rendre compte des aléas du handicap en société.
En 2022, bien que les choses ont bien changé, ce livre restera pour moi une boussole ! Merci GILDAS.
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